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Expo Serge Flamenbaum à la galerie Cyrille Putman

La Galerie Cyrille Putman propose l’exposition Serge Flamenbaum du 11 avril au 24 mai 2025

Vernissage le 10 avril à 18h30

Cyrille Putman publie un livre à l’occasion de cette exposition.

60 rue du 4 Septembre, à Arles

By chance or by apointment 0672211696 / putman@me.com

Galerie en ligne cyrilleputman.com

Facebook: Galerie Cyrille Putman / Instagram: galerie_cyrilleputman

Extrait:

« …Je rencontre ce type atypique, un homme de haut vol, au physique sérieux et
filiforme, incarnant le touche-à-tout qui ne lâche rien. Travailleur solitaire infatigable, il a
migré par le théâtre, le cinéma, l’écriture et la performance mais l’unique activité qui assure
son maintien dans les airs, c’est le dessin. Il n’a jamais cessé une seconde depuis cinquante
ans.
À la plume, à l’encre de Chine, à la gouache ou au feutre, il taquine le papier.
Inlassablement. Dans son coin, L’artiste tient son cap et développe sa perception de ses
congénères en racontant des histoires, images figées d’un quotidien imaginaire. Sans
tambour ni trompette. Une aventure en solitaire. L’homme suit sa vie, ses lignes cheminent
cahin-caha. Parfois sinueuses, pourquoi pas en montagnes russes, elles incarcèrent parfois
Serge Flamenbaum dans ses angoisses, même s’il en sort toujours indemne. Voir renforcé.
Inexorablement attiré notre homme poursuit, il sait cette traversée juste et indispensable à
son propre fonctionnement. Il a transformé les blessures de sa vie en moteur d’avion biplan.
Comme tout être humain qui se respecte, il est aussi hanté par la mort. Ses parents
déportés l’ont échappé belle, expliquant ainsi la source partielle et génétique de son côté
« revenu de tout ». Il brosse son activité comme une réflexion quotidienne d’un philosophe
sans diplôme pendant ses aller-retours de chez lui à pas loin. Cette description poétique de
lui-même en dit long sur son auto-dérision et ses pérégrinations locales.
Dans ce parcours, Serge Flamenbaum contemple ses semblables avec une distance
froide. Pourtant une tendresse poétique émane de son trait faussement maladroit car il
aime les gens, pas tous, mais ne peut se passer d’eux, croisés au café, dans le train ou
ailleurs. Ses sujets.
Plus ou moins bavards, ces acteurs du jour adoptent toujours une position juste dans
la situation qui les illustre.
L’artiste crée des protagonistes profonds, aux airs indûment sans énergie, pour qui la
destinée semble peser une tonne au mètre carré.

Sauvés in extremis par une mordante lucidité, ces êtres sont souvent habités d’une
vraie philosophie du réel, teintée d’un soupçon de cynisme avec cette drôle d’expression,
celle émanant de ceux qui ne sont plus impressionnés par leur propre destin. ils déroulent
juste cette pelote existentielle comme d’autres vont au bureau. Ses anti-héros, femmes aux
formes généreuses et hommes laconiques, tous dotés d’un humour réfléchi ou subi,
survivent grâce aux chemins qu’ils s’inventent. Serge Flamenbaum n’essaye pas de plaire
aux uns ou aux autres, juste il aime s’inspirer de ce qu’il entend dans la cité, une caisse de
résonance du bon sens revisité. En cela, il lutte contre ses propres vents et marées intérieurs
afin de vivre et contempler le monde. Sans filet, il dispose d’une détermination qu’il ne
s’explique pas lui-même. Zéro plan B.
La couleur, utilisée à dose homéopathique, donne le la de son bonheur ici-bas. Serge
Flamenbaum survit grâce à ses dessins, ainsi la vie devient possible, impossible, complexe,
supportable et insupportable. Un astucieux mélange de toutes ces graines invisibles qui
épaississent le trait des grands créateurs dignes de ce nom, ceux ne rendant compte qu’à
eux-mêmes et à l’univers tout entier. Sans l’ombre d’une mansuétude à son égard, il est un
mangeur d’horizons habitué à la face nord de l’Eiger. L’hiver.
Serge Flamenbaum, personnage au cuir tanné par l’existence, à la sensibilité à fleur
de peau, nous donne à voir une œuvre intense et particulière. Sa raison d’être. Dit
autrement, même pas peur des grands sommets, encore moins de ses vertiges ! »

Cyrille Putman.